vendredi 18 septembre 2009

L'Albine, Scènes de la Vie en Limousin et en Périgord Vert (Fernand Dupuy)

Je m'autorise à vous faire partager une escapade dans une région que je connais bien, puisqu'il s'agit de celle où je suis né. Rares seront ceux, je pense, qui ont connaissance de cet ouvrage, car il n'est pas de première jeunesse et il n'intéresse peut-être que ceux "du coin". Néanmoins, ce livre n'appartient pas à la veine du régionalisme et il n'est pas spécialement passéiste, donc il m'a plu... Il constate, tout simplement, qu'entre la fin de la seconde guerre mondiale et les années soixante-dix, date de parution, beaucoup de choses ont changé. L'auteur, instituteur et député communiste, s'est éteint en 1999 à Limoges. Il laisse là une confession qui n'a rien d'un chef d'oeuvre en prose, mais dont la sincérité est évidente.

Des passages légers, des anecdotes, il y en a beaucoup. Mais parfois, derrière les petites histoires des repas du dimanche, se cachent des habitudes lourdes de sens :

"Je n'avais guère plus de huit ou neuf ans. Au cours d'un repas, je taillais une tranche de pain et je replaçais, tout à fait par hasard, la tourte sur le dos. Mon grand-père la remit sur le ventre. Un moment plus tard, je recommençais un peu moins innocemment peut-être mais sans vraiment penser à mal. Mon grand-père remit la tourte à l'endroit d'un geste brusque mais sans rien dire. Je sentais bien qu'il y avait quelque chose qui déplaisait à mon grand-père quand la tourte était sur le dos, mais pourquoi ? Je n'arrivais pas à comprendre. Alors, de propos délibéré cette fois, pour savoir, je retournais la tourte.

Mon grand-père se dressa, le visage empourpré de colère, prit la tourte à deux mains, la retourna et la planqua sur la table avec une violence inouïe.

"Noum dè di, piti, nou dè di" !

Je crus qu'il allait me battre. Lui qui ne jurait jamais, qui jamais ne se fâchait, voilà qu'il était hors de lui. Ma grand-mère et ma petite soeur étaient atterrées.

"Il n'y a que les putains qui gagnent leur pain sur le dos. Tu comprends ? Les putains. Moi je ne le gagne pas couché sur le dos. Tu as compris ?"

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