vendredi 25 décembre 2009

Vendetta (R.J. Ellory)


Le retour d'un écrivain américain, R.J. Ellory, qui est en train de devenir furieusement tendance (tenez-vous bien, nous explique un encart vendu avec le bouquin, il a fait de la prison dans sa jeunesse, si ça ce n'est pas un gage de crédibilité pour un thriller madame) ! En attendant, c'est réussi : voilà ce qu'il est convenu d'appeler un véritable roman noir, dans lequel l'omniprésence du crime ne dessert pas l'histoire, mais lui donne au contraire une consistance insoupçonnée.

Un tueur à gages de la mafia, Ernesto Cabrera Perez, vient s'accuser de l'enlèvement de la fille du gouverneur de Louisiane. Il a une histoire à raconter à la police, plus précisément à un anodin fonctionnaire de New York, et lorsqu'il achèvera son récit seulement, alors il consentira peut-être à révéler l'endroit où il retient captive la jeune femme. Le dénouement est palpitant, le meurtrier incroyablement complexe, les flics terriblement ordinaires (alcooliques, perturbés...)

Ah si, une dernière chose, car je ne voudrais pas donner l'impression de me mettre à aimer inconditionnellement les thrillers américains. Le message que je vais délivrer est très important, et doit être relayé auprès des auteurs : s'il vous plaît, arrêtez de nous abreuver, nous pauvres lecteurs du monde, de la géographie de Los Angeles. Je ne connais pas Los Angeles. Je me contrefous de savoir que la West Bank Express Way traverse le pont de Jacksonville au niveau de la 37e rue. Qu'il faut bloquer la bagnole en fuite en envoyant toutes les unités disponibles sur Main Street, si possible en passant par le 3e embranchement de la Highway 658, parce qu'à cette heure-ci Sunset Boulevard est toujours encombré. Que le resto où tu trouves les meilleurs pancakes, c'est chez Tony's, à l'angle de la 8e et de 14e, en remontant vers Townhall quand tu sors d'Iberhmann Street. Bref, en un mot, si un Dieu existe quelque part, qu'il fasse en sorte que l'association des promoteurs du cadastre de Los Angeles arrête de sponsoriser les auteurs de thrillers, car cela nuit gravement à l'intérêt du lectorat.

Je coupe court aux critiques des âmes vertueuses qui s'indigneront de mon enfermement monoculturel franco-français. La description d'une course-poursuite dans les rues de Vierzon ne me ferait pas plus d'effet. Franchement, vous voyez Jean-Christophe Grangé, en plein milieu de la narration d'un double meurtre à la machette, nous expliquer qu'on trouve les meilleurs pot-aux-feux chez Paulette, à l'angle de la Rue Gaspard Vermoux et de l'impasse André Sanfrapé, en remontant vers la Z.I. du Fier-Navet ? Alors je crie haut et fort : Los Angeles, Vierzon, même combat !

vendredi 11 décembre 2009

Le Testament (John Grisham)

Peu avant sa mort, un richissime homme d'affaires américain déshérite ses enfants, à l'exception d'un seul : une fille illégitime, dont il n'a jamais parlé à personne, devenue missionnaire au Brésil, en plein Mato Grosso, à des heures de toute civilisation. Pourquoi ? Nate O'Riley, avocat au bord du gouffre, part pour la retrouver, tandis qu'aux Etats-Unis la bataille entre les héritiers dépossédés et les hommes de loi du défunt ne fait que commencer...

Le livre débute par les banalités d'usage de tout thriller à succès : une affaire de gros sous (onze milliards de dollars d'héritage, what else ?), et un avocat alcoolique, sur la fin de sa carrière. Je suis à deux doigts de plier bagages...

Et puis le miracle ! L'histoire se mue lentement en une découverte très enivrante de l'Amérique du Sud, au rythme des cours d'eau qui serpentent à travers l'Amazonie, les personnages prennent des reliefs insoupçonnés, bref : un soupçon de réalisme apparaît (quel bonheur ! ). Autant dire que cela change tout et rend l'enquête passionnante. Seule ombre au tableau : une soudaine piété mystique rend la sobrité à un buveur endurci... Ainsi soit-il.