samedi 15 août 2009

Les voleurs de beauté (Pascal Bruckner)



Voici une sorte de roman de gare amélioré : Pascal Bruckner a du talent mais il ne l'a pas forcé. Pas un seul instant on ne croit à cette histoire de voleurs de beauté, en l'occurrence un couple déjanté, elle, Francesca, prof de philo ; lui, Jérôme, dandy acariâtre, aidés par Raymond, un nain dont la dégaine est à mi-chemin entre Passepartout et Minimoi, qui ont entreprit de châtier pour la perfection de leurs corps les jeunes midinettes de Paris. Enfermées dans les cachots d'un chalet au fin fond du Jura, les jeunes femmes prisonnières doivent, à force de solitude et de pression psychologique, expier de leurs visages cette beauté qui rappelle trop à ceux qui les croisent à quel point ils sont la lie du monde. Alors seulement, lorsque le processus de flétrissement est achevé, les geôliers consentent à libérer leurs prisonnières.


Pascal Bruckner, dont la prose est indéniablement de qualité, aurait pu s'en tirer en écrivant une fable poétique sur l'injustice originelle de la cohabitation des beaux et des laids en ce bas-monde. Que nenni ! Le voilà en train d'essayer de nous faire avaler l'histoire de trois Pieds-Nickelés qui kidnappent des femmes depuis 20 ans sans se faire prendre, tout cela parce que "les captives qui séjournent dans nos caves s'évaporent à la manière d'un parfum, exhalant un arôme en se fanant. Cet arôme, nous le canalisons dans un conduit qui le transporte jusqu'à des entonnoirs ou Franscesca, Raymond et moi allons respirer la jeunesse". Bref, on y croit à peu près autant que lorsqu'on entend un banquier dire qu'il a retenu les leçons de la crise. Cela dit, l'ensemble reste amusant et laisse l'impression pas déplaisante d'un livre tellement raté qu'il en devient drôle. A moins que ce ne soit voulu, et dans ce cas-là, Pascal Bruckner est un génie, et moi je pars trois mois en camping dans la bande de Gaza.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire