mercredi 11 février 2009

Faut-il lire la Princesse de Clèves ?

Je rapporte ici quelques échos et rélfexions personnelles d'une conférence sur le thème : littérature et démocratie. En préambule était posée cette question d'actualité : faut-il lire la princesse de Clèves ?
Nicolas Sarkozy a semble t-il été traumatisé dans sa "petite" enfance par la lecture de l'oeuvre. Il s'en est libéré une première fois en février 2006, alors qu'il n'était que candidat à la présidence de la République : « L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur 'La Princesse de Clèves'. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de 'La Princesse de Clèves'… Imaginez un peu le spectacle ! » Il récidiva en 2008 (voir vidéo).

Voici l'occasion rêvée de raconter une étrange ironie de l'Histoire, ou quand la littérature menace la politique (mais si, c'est possible). La Princesse de Clèves est considérée comme étant le premier roman français. Avant le 17e siècle, il y avait certes déjà des écrits qui s'apparentaient au roman, mais le genre n'avait alors pas encore été codifié. Les oeuvres prenaient volontiers une ampleur incontrôlable, se complaisaient dans la démesure et surtout dans l'esprit subversif : les écrits de Rabelais ou d'Honoré d'Urfé vous offriront quelques exemples parlant. Ce n'est qu'au 17e siècle que va s'élaborer, sous l'influence du pouvoir politique, une codification du genre, qui veillera à lui donner une unité d'action, pour en contenir les excès éventuels. La Princesse de Clèves va devenir emblématique de ces procédés, et le livre est, de ce point de vue, la créature du pouvoir royal. Quatre siècles plus tard, le voilà ennemi de l'Elysée. Cherchez l'erreur...

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