
Le Lion est l'histoire d'un drame au beau milieu du paradis. Au pied du Kilimandjaro, dans les années 50, une petite fille, Patricia, se lie d'amitié avec King, un lion du Kenya. Elle est entourée de son père, John Bullit, ancien chasseur et administrateur du Parc royal et de sa mère, Sybil, une femme tourmentée qui voit sa fille s'éprendre du monde sauvage et s'éloigner de celui des hommes. Dans cet univers où les paysages semblent pourtant infinis, se joue un huis-clos perturbant au sein de cette famille, sous le regard d'un visiteur qui, le temps de son passage, ira de surprise en surprise :
"J'avais le souvenir d'avoir noté la veille, en dépit de l'obscurité, que des massifs d'épineux encadraient ma hutte, et que, devant, une immense clairière s'enfonçait dans le secret de la nuit. Mais à présent, tout était enveloppé de brouillard. Pour seul repère, j'avais, juste en face, au bout du ciel, sur la cime du monde, la table cyclopéenne chargées de neiges éternelles qui couronne le Kilimandjaro. [...] Mais déjà, en ces quelques instants, l'aube tropicale, qui est d'une brièveté saisissante, avait fait place à l'aurore. Rideau après rideau, la terre ouvrait son théâtre pour les jeux du jour et du monde. Enfin, au bout de la clairière où s'accrochait encore un duvet impalpable, l'eau miroita. Auprès de l'eau étaient les bêtes".
Jospeh Kessel décrit un monde où tout équilibre est précaire, où tout est affaire de compromis, de confiance et parfois de secrets. L'harmonie des choses n'est qu'une construction des hommes, que tous supportent fébrilement sur leurs épaules pour le bonheur d'une petite fille, qui ne sait pas encore que tout à une fin...
"Le lion fit glisser son mufle de mon côté. Ses yeux allèrent une fois, deux fois, trois fois à mes mains, à mes épaules, à mon visage. Il m'étudiait. Alors, avec une stupeur émerveillée, où, instant par instant, se dissipait ma crainte, je vis dans le regard que le grand lion du Kilimandjaro tenait fixé sur moi, je vis des expressions qui m'étaient lisibles, qui appartenaient à mon espèce, que je pouvais nommer une à une : la curiosité, la bonhomie, la bienveillance, la générosité du puissant".
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